Otto Dix
IV. À la guerre

Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil. Une immense chique. Seulement c'était beaucoup d'admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d'un bout à l'autre d'écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en trainées tremblantes jusqu'aux premières étoiles. Après ca, le gris reprenait tout l'horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ca se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux après la centième. Chaque jour sur les six heures exactement que ca se passait.

Céline, Louis-Ferdinand,
Voyage au bout de la nuit
Otto Dix, (1891-1969)
Soleil couchant, 1918
Gouache, 39,2 x 41,3
Albstadt, Fondation Walther Groz, Städische Galerie Albstadt